Marnie est malade.
Depuis combien de temps déjà?
En bas, la mère, les mains crispées sur les couverts.
Le chat regarde ses doigts.
Elle essuie les verres
Et les pensées amères
Qui glissent
Comme la pluie sur le toit.
Elle effeuille la salade
Comme un éphéméride
Marnie est malade
Lui rappellent ses rides.
Le chat attend,
Attentif aux chuchotements
Et son ombre, en tremblant
S'étire devant la cheminée.
Marnie est malade.
Le temps s'est arrêté.
Sous la porte,
Filtre un dernier rayon morne
D'une froide fin d'été.
Aux pieds des peupliers nus
Les feuilles mortes, chues
Font le pas feutrés
A qui voudrait marcher
Sur un tapis d'or et de boue.
Mais dehors,
Depuis bien longtemps,
Plus personne ne joue.
]]>De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante,
Du temps où le monde finissait
Au crissement du dernier arrêt,
Du temps où ta vie rebelle
Triomphait Porte de la Chapelle.
Fier, parterre, tu crachais ton fiel d'un air mâle.
Entre les poubelles tu arrêtais les balles.
Tu te balançais sur tes jambes fléchies
Comme un animal aux aguets qui bondit.
Je savais que tu aurais la nostalgie puante
De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante.
Tes grands rêves de gosse égaré
Ont longtemps collé
A tes godasses mouillées.
Usés, piétinés entre les pavés et la pierre
Tu les a perdu hier
Quand tu étais encore le petit dieu messager.
Rendu à la terre, à genoux devant Saint Pierre,
Tu es retourné sur les pas du passé.
Pieds nus, tu demandais en prière à être pardonné,
Sacrifier sur l'autel de la Chapelle ton succès sale.
Le faste, les excès et les scandales.
Mais sur le pas de la porte, la poussière des années mortes
Seule restait.
Qui te lavera ?
Qui saura qu'une fois tu fus roi avant d'être déchu?
Qui te mènera par la main dans ta rue
Disparue et défigurée par le temps trop pressé?
Je savais que tu aurais la nostalgie puante
De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante.
Que tu voudrais réveiller, dans ton souvenir incolore,
Le petit prince qui dort et qui s'ignore encore.
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