J'ai tellement de choses à dire que j'aimerai qu'elles s'évaporent sous la plume fourchue de ma langue. Alors, lorsque je les retrouverai par bribes, condensées sur le froid mirroir de vos regards, je nierai les avoir un jour prononcées. Je les laisserai dégouliner sur vos visages pourtant trop arrosés, je les laisserai se répendre sur l'ignomie fertile de vos peaux humides et chaudes, qui saliront de leur boue maléable mes mots. Alors vous les jugerez salissants. Vous m'accuserez de vos propres impuretés. Je ne pourrai vous apporter le mirroir de ma bouche qui répond, ou de ma main qui écrit car vous vous enliseriez vous même sous un amas de fumier. Toujours m'accusant. Vous n'acceptez que ses yeux muets, aveuglés par les crachas des sousentendus et des non-dits, dont on s'accomode très bien du mauvais reflet qui offre à voir ce que l'on désire.