Mercredi 28 octobre 2009 à 23:35

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De ses mains métalliques il accouche ses cheveux d'un rire électrique.
Ses mains sont des aiguilles élastiques qui caressent et qui piquent et tandis qu'il s'applique en fermant les yeux, elle fabrique comme berceau une barque bleue.
Ce petit bateau symbolique, objet prophétique, fend les flots morts de ce monde apocalyptique.
Ils s'endorment à la dernière réplique de l'opéra symphonique qui passe sans répit sur le tourne disque. 
Le fragile vaisseau frappe les eaux, fuit vers l'Afrique.
Une goutte d'ambroisie, tombée de leurs lèvres embrasées, baptise d'un sang cynique la proue du mythique bateau de papier.

Mardi 27 octobre 2009 à 16:30



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Dans ces lignes d'écriture maladroites, la courbe de mon poignet.
Dans le regard droit de mon père, le léger affaissement de mes propres paupières
Dans de vieilles lettres jaunies mon prénom a survécu à ceux qui l'ont écrit.
Dans le sourire de ma mère, la caresse d'une promesse de bonheur.
Dans l'immensité bleue de ces yeux qui s'ouvrent sur le monde, l'asile paisible de mon coeur.
Dans la douceur du pelage de ce sphinx sage
les fils d'argent du temps qui passe parsèment la blonde chaleur du présent.

Saisie par ces fragments de miroir  qui révèlent à mon âme nue ceux qui l'ont habillé, j'avançais à reculons vers le passé.

Lundi 26 octobre 2009 à 10:47

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 Derrière ses rondeurs sages, sa beauté digne, d'un autre temps, sa peau lisse et son regard hautain,
j'avais oublié qu'elle était femme qui vivait autrement qu'un buste majestueux.
Jusqu'à ce qu'une plaisanterie qui l'associait à cet homme se saisisse de sa chair et qu'un rire aigu, qui sortait de sa poitrine charnue, agite son large corps d'impressionnants remous.
Ce rire qui n'en voulait pas finir dévoilait en un sourire carnassier ses grandes dents de louve. Et elle le regardait avec ses yeux énormes de prédateur, celui-là qui ne comprenait pas, elle le regardait comme s'il était la proie qui d'elle même avait abandonné sa patte dans le piège de ses belles mâchoires qui se resserrent.
Je voyais le marbre fier se fissurer, s'ouvrir, sur cette chair palpitante et flasque  et transformer l'idole en une viande haletante. 

Dimanche 25 octobre 2009 à 23:27

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A califourchon sur un autel
je jure sur la Bible

L'un était ton corps
L'autre les fleurs du maudit.

Jeudi 8 octobre 2009 à 23:49



 Saisie dans le va-et-vient nocturne de cette nébuleuse d'étrangers familière et de ses proches qui nous frôlent et semblent pourtant si lointains.
On se prend, on se lâche les mains, on se bouscule on s'appelle en criant, on se sourit furtivement, tous ingurgités et recrachés par ces bouches de béton.
Et je réalise soudain comme ce rire plein d'air que je donne encore et encore, me remplissant et me vidant comme une pompe, je réalise comme il se désagrège dans ces nuages lourds et opaques qui m'entourent.
Peut-être enfin qu'il n'est pas vain, mais toujours condamné à être sans retour. Toujours épuisé dans une bouche sèche qui, à bout se souffle de ses courses éffrenées, ne sait trouver en elle la force d'offrir un souffle nouveau.

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