En remontant les rues, en traversant les places, en prenant le métro; je pensais à ces lieux dont le nom transparent n'évoquait plus un visage mais un paysage urbain. Ces noms  lancés et immédiatement reçus, à des fins pragmatiques, ancrés dans le quotidien comme les lois de la physiques. Stables, objectifs, immuables.
Comme ils auraient été différents, si l'on avait remonté le temps et fait dérailler le cours de l'histoire ; si les héros de l'histoire nationale avaient été engloutis par la suite des événements, remplacés par de nouvelles effigies, des inconnus dont nos lèvres auraient pourtant saisi le nom en balbutiant, phonétiquement, sans connaître mais en sachant déjà, une rue, une adresse, un lieu, appris par coeur.
A la place de "Charles de Gaulle" "Jean Moulin" "Maréchal Leclerc"... J'imaginais des noms allemands.