Dimanche 29 novembre 2009 à 9:43

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 Je berce dans mon coeur liquide
Cette petite amoureuse qui pleure.
Et ce sanglot troublant qui me vient de l'intérieur
Ebranle une forteresse tremblante et inutile.

Ainsi le vent serait l'unique ciment
Du palais que je t'ai construit.
Et croyant t'édifier un abri,
Je t'aurais exposé aux intempéries.

Mon amour, ma moitié d'âme soeur,
Avec mes airs supérieurs, j'ai osé
Fleurir ta bouche d'un alphabet.
Et aujourd'hui sourde et muette,
Je baise désespérément tes yeux gonflés
De mes lèvres fanées, comme un poisson débile
Entrain de se noyer.

Dimanche 29 novembre 2009 à 0:36


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 Dans cette pièce,  je me rappelle bien, il y avait un lit au milieu de la pièce.
C'était le centre de la maison. Et c'était normal. Le rocking-chair, le chauffage, le lit. Et elle s'asseyait, s'allongeait sur le lit. Son mari, les enfants, les invités. Tout le monde. Le lit était blanc, comme destiné à être sali. Et j'ai eu envie, moi aussi de me glisser dedans, habillée, avec mes chaussures, de le sentir blanc sous ma robe noire, de posséder l'intime et l'immaculé.

La clé de ma chambre dans ma poche, je réalisais soudain comme, encombrante je  tenais tout autour de moi quelque chose de mon propre édredon et comme cette caresse légère de ceux que je frôlais n'était que le choc amorti des pieds qui cognaient un paillasson.

Vendredi 27 novembre 2009 à 20:26


 
Il m'arrive de rêver de plonger rien qu'une main dans ce siècle lumineux pour confondre les enluminures des couvertures,  renommer ces ouvrages illustres aux titres pompeux.  Nous écririons ainsi scrupuleusement dans nos cahiers : De la connerie des connards et Du plaisir de chier.

Samedi 21 novembre 2009 à 22:41

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Pourrai-je toujours résister à cet enfant que je hais et qui me hante. 
Détestable adoré je ne connais ni frère ni enfanté, quelle place te reste t-il dans mes bras ?
Il y a dans ta douceur enfantine quelque chose de familier, loin de l'altérité masculine, une peau fine et dorée.
Tu me rappelles ces poupées aux gants de feutrine avec lesquelles j'aimais jouer.  

Mes bras ont désappris à bercer, mon fol esprit à jouer. 

Mais soudain je me trouve effrayée comme une enfant devant le regard mobile d'un jouet.
Je sens un esprit latent qui se meut derrière ces yeux de porcelaine turquoises
Je sens ce regard supérieur qui me juge et me toise. 
Je réalise soudain combien est un jeu dangereux cette trop grande poupée.

Pourrai-je toujours résister à cet enfant qui me plaît et me plante
dans le coeur un rire clair et vainqueur.
Pourrai-je toujours supporter cette plainte déchirante de ta voix innocente qui m'accuse de cruauté
Lorsque, de sous ta tête lourde, je retire vivement mon bras brûlé par ta chevelure solaire.

En silence, je te regarde te traîner dans la poussière puante de l'adolescence,
Te salir et corrompre ton corps, pour tenter de me plaire, de me correspondre,
Fuir, enfin, le chérubin exquis  qu'en toi tu exècres, et écraser sur mon cou
Une main pleine de boue. 

Mardi 17 novembre 2009 à 22:30



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Guidée par le tapis rouge déployé de ce coeur  trop immense et ensanglanté, je crois que j'ai pris goût à m'établir dans les plaines glacées , où l'on règne sans peine et non plus sans pitié. 

Jamais je ne me lève, jamais je ne bouge, je me suis faite immobile et muette, embrassant tendrement du regard la beauté polaire immuable.

J'adore dans ces déserts morts la caresse indolore du froid insaisissable.
Et du regard j'explore l'immense plénitude qui me porte en son sein. Les stalagmites se polissent sous la paume de ma main et forment autant de sceptres fermes et câlins. Je me fond doucement en cet amant hermaphrodite, que j'aime sans mouvements, d'un accord tacite.
Je n'entends que le bruissement lointain, l'écho qui se perd, de ce monde odieux qui ne voulait me contenir et voudrait encore me supplier de revenir.

Déjà je n'entends plus.

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