Entre les lignes sous la pluie je te découvrais le visage mouillé, épanouie, heureuse... Je ne sais pas. Comme il dit, comme il te décrit, comme tu es.
Et ce gouffre. Tu disparais.
Nous ne te connaissons plus. Il espère sans doute, j'espère surtout que cette pluie de plomb n'est pas aussi familière à ton visage que celle qui te caressait les joues "ce jour là". Je ne savais rien de plus, voilà. Une histoire inachevée, à peine esquissée. Le mythe d'une femme florissante à la mort secrète.
Et tu renais comme ça.
Je t'entends, tu chantes, je ne le croyais pas.
Une grande femme sombre qui chante Nantes sous la pluie. Qui chante la mort encore.
Et je sais qu'il est mort et que toi aussi tu es morte aujourd'hui dans ce monde matériel où il fumait, où tu riais et où les hommes se détruisaient. Mais sous les ruines, les cendres, et les éclats de rire brisés, ce lieu d'immortalité où il écrit et tu chantes. Toujours. Et je le lis, je t'entends.
C'est peut-être une coïncidence, un superbe hasard, mais je sens que même morte tu laisses derrière toi la trace chaleureuse et vibrante de ce que tu es, comme une effluve de parfum qui parvient jusqu'à nous qui n'avons rien d'autre de toi à quoi nous puissions nous raccrocher. Tu jouis de ton imaterialité qui nous fait tant te désirer.
Je suis heureuse, finalement, que tu ne sois pas morte en souriant alors qu'à peine tu t'épanouissais. Je suis heureuse que tu ais vécu, que tu ais eu le temps de devenir cette femme grave qui chante doucement sa peine en un filet de voix traversé par bien des pluies. A présent je comprends que tout ne s'arrête pas à Brest, ce jour là.