Il y a une musique que j'aimais
Elle m'a touché comme un doux crève coeur, et j'ai voulu la faire entendre à quelqu'un que j'aimais, comme on veut soudainement dire une chose décisive en prenant son souffle pour repousser l'émotion. J'ai voulu tout d'un coup, c'était une nécessité qui dépassait cet enchevêtrement de sentiments.
J'ai voulu qu'il ressente lui aussi dans son coeur l'écho de ce que j'avais éprouvé et que les notes claires et immuables créent exactement cette même blessure que j'avais moi.
Nous nous serions reconnus.
Plus égoïstement, je voulais lui faire entendre pour qu'il comprenne, à travers ce langage mélodieux et limpide, ce qu'on ne peut pas dire. Ce que je ne peux pas dire.
Il aurait déchiffré, il m'aurait regardé et il aurait su. Il n'y aurait plus eut de noeuds, d'hésitation et de figures de rhétoriques... De ces coups acharnés et vains contre les murs de la solitude.
Alors je me suis rendue compte que je n'avais aucun moyen de lui faire parvenir cette musique qui balbutiait faiblement dans ma tête. Aucun moyen de lui faire sentir, le mystère, la petite boîte qui la contient et son lourd passé.
Je me suis trouvée impuissante et débile.
J'ai pleuré doucement et il n'a pas compris.