Je savais que tu aurais la nostalgie puante
De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante,
Du temps où le monde finissait
Au crissement du dernier arrêt,
Du temps où ta vie rebelle
Triomphait Porte de la Chapelle.
Fier, parterre, tu crachais ton fiel d'un air mâle.
Entre les poubelles tu arrêtais les balles.
Tu te balançais sur tes jambes fléchies
Comme un animal aux aguets qui bondit.
Je savais que tu aurais la nostalgie puante
De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante.
Tes grands rêves de gosse égaré
Ont longtemps collé
A tes godasses mouillées.
Usés, piétinés entre les pavés et la pierre
Tu les a perdu hier
Quand tu étais encore le petit dieu messager.
Rendu à la terre, à genoux devant Saint Pierre,
Tu es retourné sur les pas du passé.
Pieds nus, tu demandais en prière à être pardonné,
Sacrifier sur l'autel de la Chapelle ton succès sale.
Le faste, les excès et les scandales.
Mais sur le pas de la porte, la poussière des années mortes
Seule restait.
Qui te lavera ?
Qui saura qu'une fois tu fus roi avant d'être déchu?
Qui te mènera par la main dans ta rue
Disparue et défigurée par le temps trop pressé?
Je savais que tu aurais la nostalgie puante
De cette livide Atlantide engloutie sous l'amiante.
Que tu voudrais réveiller, dans ton souvenir incolore,
Le petit prince qui dort et qui s'ignore encore.