Dimanche 4 juin 2017 à 19:33

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Chaque fois qu'elle essuyait une coupe, elle se cassait dans ses mains.
Le verre, trop fragile, semblait de la glace qui ne pouvait supporter la chaleur des doigts.
Une goutte de sang tomba sur le torchon, une autre glissa, comme sur un toboggan, au coeur du verre, laissant derrière elle une traîne rouge. 
Ceci est mon sang.
Les carillons sonnèrent.
Fruit du calice, elle accoucha d'une brune un mois plus tard.
Elle se souvint de ce moment-là.
Elle embrassa chacun de ses doigts minuscules en signe de protection et fit le signe de croix.
Plus tard, le soir venu, le loup et le renard surgissaient de ses mains sur le mur bleu clair de la chambre.
La même histoire fut répétée plusieurs fois.
Une fois la porte fermée, l'enfant tourna le doigt dans la serrure et entra sans la clé. 
Le doigt avait fondu et elle ne put rien distinguer dans la pièce sombre. 
Il était trop tard ou trop tôt, elle reviendrait une fois qu'il ferait jour.

Mardi 30 mai 2017 à 20:37


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 En 1913 nous voulions être libres. Et en 1932 ?
As-tu oublié ces jours de mers qui remontent lentement ?
Et en 1932 
On voyait sa silhouette dans le miroir.
Elle avait mis la robe blanche.
Pourquoi la robe blanche ? 
Celle des soirs de mers.
Nous voulions
L'orgue de barbarie de sa mémoire jouait la musique en arrière.
Et en 1932
La manivelle fut retournée
Et l'on entendit le pas remonter
Remonter en arrière dans la matière duveteuse du souvenir. 
Nous voulions être heureux
Soufflent les notes enrouées
En 1932
La remontée. 


Lundi 29 août 2016 à 14:17

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La première
Emerge du brouillard
Par
La musique mémoire
Faite
D'hiver
Avec elle
Les peupliers nus
Bercent
Les lances bifides
Appliquées à l'univers sauvage
Par la pluie aimée
Là où pourrie
Elle sera rejetée
La chair baillée
Est encore à naître
Jour de peu de peau
Pluie pour ne rien prendre
Au matin

Lundi 13 janvier 2014 à 17:06

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Les couleuvres en rêvant se lovèrent
Contre le sein de la terre.
Les couleurs des lumières levèrent
L'ombre, au réveil.

La veille oubliée,
Les avait condamnées.
Mais l'heure nouvelle
Leur donnait, plus belle
La terre inviolée,
Un nouveau destin 
A embrasser
Contre le sein nu
D'où elles étaient nées.
L'oeuvre inconnue 
Etait à créer.
Il fallait croire,
Contre le passé.
Elles allaient croître 
Et prospérer.

Au réveil, les couleurs, 
Rêves des couleuvres,
Brillaient sur la terre
D'une lumière singulière
Et le sein nu de la terre,
Loin de la lune
Respirait d'une chaleur brune,
Régulière.










Samedi 4 janvier 2014 à 18:45



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La pluie crépitait dans l'eau des rivières 
Il lui prit la main : 
"Nous reviendrons demain"
Mais nous étions hier.
Ils restèrent.
Quand tombèrent les dernières lumières
Ils virent la nuit dans son lit vert
S'allonger,
Parée de scintillements éphémères.
Les derniers.
Ils se retournèrent.
Rien n'avait changé.
Ils respiraient l'air
D'un début d'été.

De ses doigts écartés
Elle faisait deux roseaux
Que le vent ployait
Au-dessus de l'eau.

Ils soufflaient dessus en riant.
Elle se souvient de ses dents,
De ses dents écartées
Qui faisaient deux émaux
Dans la nuit ambrée
Au-dessus de l'eau.

Elle se souvient du sursaut 
De son rire sonore
Qui ricochait sur l'eau
Avant de bondir encore.

"Nous étions dans le noir
Nous étions là ensemble"
Se souviendra plus tard
Sa mémoire qui tremble.


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