Mardi 4 juin 2013 à 14:15


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 Nous ne jouons pas non.
Nous ne faisons pas semblant.
Aveugles,
Nos regards se voilent de blanc
Et nous descendons dans le foyer brûlant
De notre solitude.

Tes mains qui tremblent
Comme des araignées fiévreuses
Sur mon corps qui tangue
Ne mentent pas.
Elles cueillent mon inquiétude,
Lierre qui nous enlace.

Suis-je lasse, vraiment,
suis-je souvent lasse,
De traîner ma langueur d'hier
Quand mon coeur amer
Me revient aux lèvres
Sous les assauts de la houle.

Au milieu de la foule,
Je suis charnelle, étrangère.
J'ai les yeux ouverts.
Exsangue, je me rappelle
Le grouillement arachnéen du sang
Du temps où mon coeur
Battait sous mes paupières.




Vendredi 17 mai 2013 à 0:22

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 A moi qui accepte, hoche la tête lentement
Que reste t-il sous mon sourire avenant
Que reste t-il que le souvenir béant
De la terrible meurtrissure
Dessinée sous mon sein blanc
Par les insidieux murmures
De tes yeux troublants

Et cet affreux rictus
Dessiné sous mon sein blanc
Dénonce ma bouche qui ment
Quand elle happe le hiatus
Entre l'eau de mon cil et du ciel
Faussement jumelles.

Entre mes lèvres brunes
Je recueille l'écume
D'un pleur tout intérieur
Qui consume ma plaie.
Cette dernière plainte
Meurt étouffée par l'empreinte
De mon doigt inquiet.

Que reste t-il maintenant,
Sur ce doigt tremblant
Que le goût salé
Qu'un chien aime lécher.






Lundi 29 avril 2013 à 18:24

 De cette blancheur mienne,
Toute relative à son ébène
Que faire à présent 
Que le temps
Efface les couleurs
Que le vent 
A dissipé la chaleur
Des peaux
Devenues étrangères.
Sans couleur,
Je erre.

Sans plus d'écrin
Le nacre vulgaire
Retourne à la mer
D'où il vient.

Bijou, 
Redevenu pierre,
Lorsqu' échappé
Du creux de ta main,
Oubliant le contraste
Qui le rendait fier,
Il redevient commun
Roulant dans la poussière.

Larme
Qui tombe dans un verre.
Goutte de sueur
Qui meurt dans une bouche.
Je quitte ta beauté farouche
Pour orner les vers.

De cette blancheur mienne,
Toute relative à son ébène
Que faire à présent 
Que le temps
Efface les couleurs
Que le vent 
A dissipé la chaleur
Des peaux 
Devenues étrangères.
Sans couleur,
Je erre.





Lundi 29 avril 2013 à 17:53

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 Hier nous jouions ensemble avec l'insouciante cruauté des enfants. Sans scrupules nous étions, sans scrupules nous luttions. Méchants et libres, égaux dans nos jeux sauvages.
Aujourd'hui que nous avons grandi, que tu as vieilli avant nous, nous te traitons avec la diligence gênée et polie que nous affectons à l'égard des vieilles personnes et des handicapés. La douceur que tu lis  pour toi dans nos yeux, lorsque, comme de grands enfants, nous nous battons encore entre nous, te laisse voir combien, à présent, tu n'es plus des nôtres. Les luttes hargneuses qui faisaient arquer ton dos et jaillir la vie sanglante par quelques blessures guerrières, de ton corps chaud, te rappellent la vigueur que ne réveillent plus nos vagues affleurements, nos caresses timides, sur ton corps froid et fragile, que tu ne sens pas. Tu regrettes peut-être dans le silence de tes jours brisés le cercle privilégié de la violence qui appartient aux corps vifs et vivants.

Mercredi 17 avril 2013 à 20:58


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 Toujours étranger à l'art secret dont il ne voyait que le dernier artifice. L'arrangement délicat et savant de ses cheveux, l'art ancestral avec lequel elle magnait le pinceau sur ses yeux, où les avait-elle appris ? Dans l'espace imaginaire de l'inné ? Par la main d'une initiatrice, au cours d'un rituel étrange? Dans l'atmosphère poudrée des boudoirs , des gynécées, lieux flottants dans le temps, silencieux et clos pour qui n'y pénètre jamais.

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