Samedi 13 octobre 2007 à 22:02

Je connais les gens aux mains froides. Ceux sont ceux-là qui ne mettent jamais de gants en hiver et qui pensent se les réchauffer en les mettant dans leurs poches, pour les enlever à chaque fois qu'il y a des mains à serrer, des cheveux à remettre derrière l'oreille, des gestes à faire pour parler avec plus d'ampleur. Je connais les gens aux mains froides. Ceux sont ceux-là qui prétendent allumer une cigarette pour se les  réchauffer, ou sous ce même prétexte, les glissent  sous un pull, dans des cheveux, ou dans d'autres mains. Ceux sont ceux-là même qui aiment  faire frissoner les peaux chaudes par  leur simple toucher et qui, aux moindres reproches, rétorqueront qu'ils ont le coeur chaud. Les gens aux mains froides sont ceux qui  gardent  toujours un courrant d'air sous la main au cas où juin arriverait avant janvier.

Mardi 25 septembre 2007 à 19:30

Elle Elle vendait dans ma rue des trucs qui n'servent à rien
Des sphères en plastique qu'on retourne sans fin
Pour voir une Tour Eiffel sous une neige imbécile
Elle alliait le pas beau au franchement inutile

Mais elle était fière de ces trucs qui n'servent à rien
Elle aimait les sourires devant son magasin
Qu'une enseigne au néon appelait "Chez Charlotte"
C'était son prénom mais je l'appelais Camelote

Quand j'n'avais rien à faire, j'lui donnais un coup d'main
Je lui tenais l'échelle pour prendre un nain d'jardin
A force de pouponner ses statues en terre cuite
On a voulu s'marier ici et tout de suite

Une pancarte sur la porte "Fermé pour cause mariage"
On a choisi le nain qui semblait le plus sage
Pour jouer le rôle du maire et en guise de témoins
Deux fleurs qui dansent le jerk quand on tape des mains

Un diplôme certifié de la meilleure maman
Servira de registre quand viendra le moment
Nous seront signataires avec un stylo plume
Qui fait de la lumière sur "Au clair de la lune"

J'lui ai dit "Mad'moiselle, veux-tu prendre ma main ?"
Elle m'a dit "Pour quoi faire ?" j'ai répondu "Pour rien !"
En tournant la molette d'une boîte à cadeaux
On a eu deux squelettes sertis à un anneau

Puis nous avons compté les enfants qu'nous aurons
Elle en voulait sept, vous savez les prénoms
Puis nous ferons construire sept lits superposés
Moi je tiendrai l'échelle quand faudra les coucher

Le voyage de noce a eu lieu en décembre
On a pris le métro station Quatre-Septembre
Pour voir la Tour Eiffel sous la neige matinale
Et Paris qui s'éveille dans sa boule de cristal

Renan Luce

Dimanche 16 septembre 2007 à 20:47

J'aime traîné mon corps dans toutes sortes de lumières, d'odeurs, de décors, ça le ballade; il frétille de la queue, il tire sur la laisse, il est heureux. Je le gave à fond de tout ce qui l'entoure et quand on rentre à la raison il est repu et je suis enfin tranquille...

Dimanche 16 septembre 2007 à 20:08

On a jamais vraiment la certitude d'être une femme, surtout quand on pisse debout.

Samedi 15 septembre 2007 à 12:53

"Le

Le chien pisse sur des mini-répliques de la tour Eiffel vendues par un Noir sur le pont en face de la vraie tour Eiffel. J'ai besoin de savoir ce que pense le chien de ce qu'il vient de faire. Quelle est sa tendance politique. Vient-il de pisser sur le symbole tour Eiffel, dressé à l'image d'une des premières puissances mondiales, ou au contraire a-t-il voulu niquer la marchandise de l'Africain, lui foutre le moral à zéro pour qu'il rentre dans son pays ? Si je n'arrive pas à savoir si mon chien est un humaniste ou un facho, comment vais- je le savoir d'un ami, étant donné que mon chien est toujours plus clair, prévisible et franc que le reste des gens que je connais."

"Bien sûr, les malheurs ne sont pas comparables, car la souffrance ne peut pas circuler d'un être humain à l'autre. Tu souffres plus si tu t'entailles un doigt dans ta cuisine en coupant des oignons que si tu regardes une photo d'Hiroshima"

"Ce qui m'irrite le plus, c'est de me cogner aux gens n'improte où. Et avec mon chien. Je ne supporte pas qu'on se cogne les uns contre les autres. Si quelqu'un te rentre dedans, ça veut dire que tu es moins qu'un animal. Je n'ai jamais vu un animal se cogner contre un autre. J'ai vu un animal rentrer dans un être humain, mais un animal ne peut pas se cogner contre un autre animal. Comment est-ce qu'on a bien pu en arriver là: à se rentrer dedans les uns les autres, dans la rue, à la sortie du métro? Tu peux rentrer dans une porte, dans un poteau et même dans un arbre, mais te cogner contre un être humain, c'est déprimant, ça te donne une idée de la vraie dimension de l'être humain, de ses capacités et sa signification sur l'échelle animale."

"J'hésite entre aller bien et aller mal. Je veux être artiste alors je dois choisir. Parce qu'un artiste, soit il est au fond du trou, soit il avance à fond la caisse. L'un ou l'autre mais à fond. Si tu vis comme tout le monde, tu ne seras jamais artiste. Tu dois faire des choses bizarres. Tu dois vivre plus intensément, en bien ou en mal. Dépasser les bornes. Et ensuite en parler. Parler de tes excès. Parler à tout le monde de quelque chose que personne ne connait. Raconter à tout le monde tes excès.

Il ne faut pas non plus se prendre la tête là dessus, je n'ai pas dis ça, car l'artiste ne doit jamais penser. Non monsieur : l'artiste doit se dépasser. Alors je me suis décidé et je me suis dis: vu que je ne suis doué ni pour la peinture ni pour la littérature, je vais faire du théâtre. Au théâtre, n'importe qui est bon : ce n'est ni un métier ni un art, ni rien. Pour se faire remarquer au théâtre, il suffit de mettre le paquet.

Ensuite il faut définir un style: Je vis dans la débauche, je me défonde, je baise tout ce qui passe ? Ou bien je déprime et je deviens fou, je souffre, je me bourre la gueule, je me pique et je me jette du balcon ? Il faut faire un choix. Question de marketing. Guauguin a passé toute une vie de débauche. Van Gogh a passé toute une vie à souffrir. Lautrec: toute une vie de débauche. Cioran: toute une vie à souffrir. Celan: toute une vie à souffrir. Warhol: toute une vie de débauche. Pas besoin d'avoir quelque chose à dire pour être artiste, ce qu'il faut c'est une vie publique qui dépasse les bornes. Ma règle est la suivante: Je n'ai rien à dire , mais si je fais dans l'excès, j'aurai du succès. Et ça rime."

Jardinage Humain   de Rodrigo Garcia

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