Guidée par le tapis rouge déployé de ce coeur trop immense et ensanglanté, je crois que j'ai pris goût à m'établir dans les plaines glacées , où l'on règne sans peine et non plus sans pitié.
Jamais je ne me lève, jamais je ne bouge, je me suis faite immobile et muette, embrassant tendrement du regard la beauté polaire immuable.
J'adore dans ces déserts morts la caresse indolore du froid insaisissable.
Et du regard j'explore l'immense plénitude qui me porte en son sein. Les stalagmites se polissent sous la paume de ma main et forment autant de sceptres fermes et câlins. Je me fond doucement en cet amant hermaphrodite, que j'aime sans mouvements, d'un accord tacite.
Je n'entends que le bruissement lointain, l'écho qui se perd, de ce monde odieux qui ne voulait me contenir et voudrait encore me supplier de revenir.
Déjà je n'entends plus.