Pourrai-je toujours résister à cet enfant que je hais et qui me hante.
Détestable adoré je ne connais ni frère ni enfanté, quelle place te reste t-il dans mes bras ?
Il y a dans ta douceur enfantine quelque chose de familier, loin de l'altérité masculine, une peau fine et dorée.
Tu me rappelles ces poupées aux gants de feutrine avec lesquelles j'aimais jouer.
Mes bras ont désappris à bercer, mon fol esprit à jouer.
Mais soudain je me trouve effrayée comme une enfant devant le regard mobile d'un jouet.
Je sens un esprit latent qui se meut derrière ces yeux de porcelaine turquoises
Je sens ce regard supérieur qui me juge et me toise.
Je réalise soudain combien est un jeu dangereux cette trop grande poupée.
Pourrai-je toujours résister à cet enfant qui me plaît et me plante
dans le coeur un rire clair et vainqueur.
Pourrai-je toujours supporter cette plainte déchirante de ta voix innocente qui m'accuse de cruauté
Lorsque, de sous ta tête lourde, je retire vivement mon bras brûlé par ta chevelure solaire.
En silence, je te regarde te traîner dans la poussière puante de l'adolescence,
Te salir et corrompre ton corps, pour tenter de me plaire, de me correspondre,
Fuir, enfin, le chérubin exquis qu'en toi tu exècres, et écraser sur mon cou
Une main pleine de boue.
Ses mains sont des aiguilles élastiques qui caressent et qui piquent et tandis qu'il s'applique en fermant les yeux