Vendredi 30 novembre 2012 à 0:26


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Ses fantasmes épars, ses rêves décharnés me semblaient sincères.

Dans cet amas illisible, mal écrit peut-être, je voyais sa pensée labile et je fus saisie de la voir ainsi se perdre dans la nébuleuse virtuelle.

Il vivait après moi. On pouvait donc vivre après moi. Je sentais une excitation proche de celle du félin qui observe vivre frénétiquement la souris qu'il a relâché, attendant le moment propice pour...
Pour moi il n'y aurait pas de moment propice. Et je serai toujours l'observateur fasciné, tapis dans l'ombre, qui jouit du pouvoir qu'il n'exerce pas.

Les sursauts des premiers instincts passés, je m'abîmais dans la contemplation de cette pensée autre, si peu rationnelle. Sa vérité me touchait au coeur et me ramenait à la coquille vide de ma propre écriture structurée, qui craint toujours de s'écrire. Je trouvais dans ces mots fautifs, ces phrases sans alinéas, avec à peine un espace, un point, sans ponctuation parfois : une vérité nue, sans complexe, dont j'aurais été bien incapable. Et j'en fus touchée.

Car Il y a longtemps je m'étais dis cela. Je m'étais dis qu'il existait en lui un génie ensommeillé, que j'étouffais peut être par trop de douceur. Ce génie là naît de la fange et de la peur, des espoirs déçus. C'est sans nostalgie aucune que je regardais prospérer à nouveau ce génie, loin de moi trop bonne et trop néfaste à la fois. 

Dimanche 28 octobre 2012 à 10:57

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 "tu l'emmèneras à Châtelet-les Halles"


Lorsque sur la ligne 4 je voyais défiler ces deux stations l'une après l'autre il me semblait qu'il s'agissait là d'une scission mutilante, puisque dans ma tête, l'homme qui chantait, les liait comme un tout. Et j'entendais ce refrain. Il ne pouvait sonner juste si le "a" se perdait sans écho. Mon esprit s'empressait de rectifier cette disharmonie. Je ne pouvais entendre l'un sans me chanter l'autre.

J'ai compris, lorsque, plus tard, je devais prendre le RER B, que c'était là, dans ce trajet qu'il devait faire quotidiennement, que s'était dessiné pour lui cette réalité géographique dont l'harmonie mélodieuse allait de soi : la station "Châtelet-les Halles" entre "Saint Michel-Notre Dame" et "Gare du Nord". Et je devais, petit à petit, me remémorer ce qui était pour moi une réalité onirique, fantasmée, et que j'avais entendue chantée, lorsque, dans la ville aux milliards de vécus, le mien se superposait par hasard à celui d'un autre. "le quai des grands Augustin" "le boulevard Ney", après "la Goutte d'or".  De Delerm à Doc Gynéco, je remontais au Paris de Zola.

Lundi 22 octobre 2012 à 22:26


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 La fille aux yeux de folle a perdu dans le flou de ses yeux une génération.

Et c'est encore trop tard que nous arrivons,
A l'âge où la beauté expire.
Aveugles martyrs, nous avançons à tâtons 
Dans les déserts arides d'un siècle mort-né.
Que nous est-il arrivé ?
Nous sommes mal nés.
Enfants bâtards nés de l'union sans promesse d'un millénaire crépusculaire et d'une aurore déjà fatiguée.
Nous sommes agenouillés, croulant de respect sous les exploits passés de nos pères,
Sous l'ère des guerriers,
Et berçant, collé à notre sein, le berceau où la beauté, jadis née, redevient poussière.

Mercredi 26 septembre 2012 à 12:32



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C'était en 1998.

    J'étais malade.Je pénétrais pour la première fois dans la bien gardée "salle des professeurs" alors que la maîtresse s'approchait du téléphone pour appeler mes parents.

    Sur une petite table, un napperon, sur le napperon le fameux téléphone. Devant mon étonnement, elle m'expliqua qu'il était très ancien. En effet, l'ère du portable n'était pas encore, mais le téléphone à touches était partout. Les enfants de ma génération ne devaient plus voir le téléphone à cadran que comme une antique vieillerie abandonnée au grenier, un objet silencieux, qui dormait sous la poussière chez un parent âgé et, plus tard, la marque d'une époque passée dans les films alors vieillis.


   Moi qui savais déjà appeler, taper le numéro, je fus étonnée d'assister à une pratique qui m'était mystérieuse. Mon savoir devant cette étrange machine était réduit à néant.

    Je comprends aujourd'hui seulement qu'il s'agissait de  "composer le numéro" sur cet objet musical et mécanique, comme lorsque l'on écoute le mécanisme d'un coffre fort pour trouver la combinaison juste qui permettra de l'ouvrir. J'appartenais en effet à l'ère naissante du clavier, où le numéro et  le code se "tapaient". Si nous voyons encore aujourd'hui sur certains distributeurs de billets la formule "composer votre code" c'est dans l'espoir nostalgique que le bruit strident des touches écrasées rappelle la mélodie qui guidait celui qui avait l'art d'écouter;

Vendredi 8 juin 2012 à 14:47


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S'opère la transe de la magie vaudou

Lorsque maître de la danse, grand marabout,

Avec ton bambou tu donnes la cadence,

Et jusqu'au bout ondule et te balance.

Prise dans le rythme du rituel sacré

Je m'initie au rite, me laisse emporter.


Près du rivage doucement martelé,

La mer sauvage ainsi invoquée

Remonte par étages, avec la marée.


S'opère la transe de la magie vaudou

Lorsqu' envoutée je danse, fléchi les genoux

De ma bouche s'élance le murmure d'une stance

Et en cadence m'ondule et me déhanche.

Eprise du mythe des folles mers mêlées

J'invite par le rite les eaux, en trombe, à tomber.


Je te dis vite, retourne le bâton d'ébène

Qui sur les corps ébétés

Fait pleuvoir même en été

les perles des pluies diluviennes.

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