Libelll

Mais qui est-ce?Rarrrgg, qui est-ce déjà? J'ai son prénom sur le bout de la langue, il ne cesse de sautiller, je ne peux le recracher. Mais merde alors! J'claque des doigts comme s'il allait débarquer à ce signal comme un bon cabot bien gentil.  Je consulte les autres, m'exaspérant qu'ils me regardent avec des yeux abrutits. Mais putain, ont leur a jamais apprit la télépathie à ces glands, nan mais vraiment! J'tape rageusement du pied, m'enfin ça sert à rien de l'écraser, le pauvre, sinon là c'est sûr j'le retrouverai jamais! Mais vous savez bien quoi, celui qui est comme çi et comme ça et qui a fait ceci et cela!! Ca se barre en jeu des devinettes. Se livrer à ce bas humour à un moment si critique c'est exaspérant. Bha ça y est, suffit que j'le soupir et là c'en est finit je l'ai définitivement perdu. Je laisse tomber, on retrovouvera  plus tard. HAAAA MAIS SIIIII C'est lui!!!!!!!!!!! HAHAAAAA!!!!!

Hein?! C'est QUE lui? O_o

Belle reine de marbre, oseras-tu descendre du fauteuil de pierre où tu as été sculptée ? Oseras-tu descendre une par une les marches qui te séparent de moi ? Perdre ta grâce de statue figée, quitter ton statut de divinité ?A vrai dire, j'ignore si tu es belle. Mon regard se noit dans ton impassibilité, et j'aime ce voyage des profondeurs plutôt que la contemplation superficielle de ton visage et de ton corps. Ton mépris est si reposant... Je t'offre de descendre, je t'offre de me rejoindre , d'abandonner ton visage divin dans mes doigts de boue. Je crève d'envie de t'embrasser du bout du doigt. Je ne veux pas réfléchir à ta réaction, à ta moue de dégout, ou à l'illumination de ton regard. Je ne connais que mon envie. Si tu refuses je détronerais une autre reine, mais mon désir ne sera pas pleinement assouvi. Si tu m'ordonne de t'attendre je t'attendrai...Fidèlement. Je t'attendrai jusqu'à t'honnorer du contact salissant de mon aura. Je t'attendrai jusqu'à t'honnorer de la glaise tendre de mes doigts, qui pétriront ta figure impuissante et molle  qui ne sera plus celle d'une reine de marbre, mais d'une reine de boue dont la beauté me saisira enfin, car accessible à mes yeux jadis éblouis.

Un vase en porcelaine sur une table. Assit confortablement sur un napperon de dentelle.

Depuis plus de vingt ans. Immobile.

 Se rappelle t-il de ce napperon qui le soutient?

Depuis plus de vingt ans. Immobile.

Et celui-ci se souvient-il du  vase qui l'écrase? Sait-il au moins à quoi il ressemble?

 C'est vrai, on lui a collé si vite l'objet sur la tête qu'il ne l'a pas vu venir. L'autre non plus n'a pas  vu venir ce napperon qu'on lui a glissé précipitemment sous les pieds.

Et ils demeurent ainsi, depuis plus de vingt  ans. Immobiles.

Inconnus l'un de l'autre.

La vieille elle même les a oublié depuis qu'elle a perdu ses yeux.

Et la vieille se balance sur sa chaise, comme le pendule de l'horloge.

Et le pendule de l'horloge comme la vieille sur sa chaise.

Et le pendule de la chaise comme la vieille sur l'horloge.

Et le pendule de la vieille comme la chaise sur l'horloge.

Depuis plus de vingt ans. Ce balancement.

Depuis plus de vingt ans...

Ce balancement...

C'est tout ce que connaissent le vase et le napperon qui ne se connaissent pas.

L'horloge s'arrête, épuisée.

La vieille s'endort, épuisée.

Et tous demeurent immobiles.

Le vase et le napperon ne connaissent plus rien.

Le vase, son équilibre rompu, se balance.

Le vase se balance sur le napperon comme la vieille sur sa chaise qui se balançait comme le pendule de l'horloge.

L'équilibre qui revient.

Ce mouvement.

Ce mouvement lent.

Ce balancement.

Le napperon se souvient...Enfin...Au contact de ce poids...

Le vase se souvient...Enfin...Au contact de cette douceur.

Il revit, il revit...Enfin.

Il revit, et  se balance tant et si bien, qu'il tombe.

En éclatant au sol en mille morceaux, il considère pour la première fois celui qui l'avait soutenu des années durant..

Si je me suis levée très tôt ce matin c'est pour lui offrir... Je ne sais pas ce que je veux lui offrir, mais je sais que je veux lui offrir. Dès que le jour a déballé à mes yeux tout l'étalage de marchandises,  de trucs, machins et bidules que je pourrai lui offrir, je me suis mise en quête de quelque chose. Mais aujourd'hui ce n'est pas son anniversaire, ni sa fête, ni son Noel ni rien du tout qui suscite l'achat de trucs, machins et bidules. Je veux lui offrir quelque chose qui ne s'offre pas. Pas une simple carresse de bonheur qui passe furtivement puis sombre dans l'oubli, non je veux  lui offrir quelque chose qui  se répendra progressivement dans tout son coeur dans tout con corps dans toute sa tête. Quelque chose qui la fera oublier d'être elle pendant quelques instants et qui la possédera encore longtemps...Je ne sais pas si je me suis levée assez tôt pour ce genre de cadeau... J'ai bien pensé à m'offrir moi dans mon intégralité, remise à neuf, rechargée, briquée récurée...Mais je ne ne pense pas que ça suffirait. J'ai bien pensé à lui offrir quelqu'un d'autre, pour cela j'ai particulièrement deux idées. Mais s'ils s'offraient à elle, si c'était eux le cadeau, alors je n'aurai plus aucun mérite ce seraient eux qui lui offriraient quelque chose...

Je vais faire toutes les primmaires et les maternelles du coin j'vais piquer tous les sourires -parce-que y a que les  gosses qui savent sourire -. Han oui je vais lui faire un titanesque bouquet de sourires!! Elle va le manger avec son magnifique sourire plein de fossettes, ce sera merveilleux. Mais s'ils  fannent avant que je la vois!! S'ils périment et qu'elle a une indigestion de sourires pas frais! Ce serait catastrophique.

Je vais lui offrir des rayons de soleil pour qu'elle puisse s'attacher les cheveux avec- parce-que j'ai remarqué qu'elle aimait bien  s'attacher les cheveux avec ce genre de choses- Si je n'y arrive pas au sécateur je prendrai la scie. J'échoue avec la scie?! Qu'à cela ne tienne!! Allons-y à la tronçoneuse! Je les aurai ces bâtons lumineux!! Mais si je lui dis que ce sont des rayons de soleil elle sera profondément enervée que j'ai causée tant de domamges à Dame Nature. D'un autre côté si je ne lui dis rien du tout elle n'aura aucune notion de la valeur de mon présent!

Han elle m'énèrve à ne jamais être contente de rien!! Je laisse tomber! Le jour n'a plus qu'a replier tout son étalage envahissant son vric-à-vrac qui m'agace. Je vais tout m'offrir à moi même, oui à moi qui ne suis pas ingrate! Je serai heureuse de tous mes cadeaux! Je serai ravie! J'ai enfin trouvé le bon plan! J'ai enfin trouvé à qui offrir! Et, étrangement elle regrettera secretement que personne ne lui ait offert ce qu'elle contemple discretement sur une autre.

J'aimerai qu'au Festival de Cannes il y en ait une qui se radine fièrement drapée d'un sac poubelle...