J'ai tiré un trait sur ces individus mélodramatiques. Ces pseudos artistes et intellectuels, ces visionnaires en marge de la horde d'animaux que nous sommes, nous les hommes. Ceux-là même qui ont déjà tout vu et tout compris.
Voilà. Je sais maintenant, sûrement que le je sais... Je sais que je ne suis pas comme ça. Je suis de ces petits cochonous qui aiment à se vautrer dans la fange, ou du moins je les aime. Ca ne m'inspire pas de dégoût. Les choses et les gens ne me dégoutent pas.
C'est pourquoi je raccompagne vers la sortie ces Lamartine du XXIème siècle, chargés de leur pseudo mal-de-vivre. Ces jeunes gens, déjà taciturnes, qui se sont inventés des addictions comme justification de leur mal-être.
Je vous rends les photos de vous que vous m'aviez offertes.
On vous y voit toujours en noir et blanc, le regard au loin, l'air inspiré, un long manteau au col relevé, un chapeau sur votre tête, une cigarette au bec-c'est l'essentiel-.
Je vous rends ces photos là qui se ressemblent toutes et semblent toutes prisent en automne. Vous les mettrez au feu d'un geste théâtral en regardant se consumer le poème lyrique, qu'au dos vous aviez écrit pour moi. Ce poème pompeux et impersonnel qui, après tout, aurait pu louer une autre. Et vous vous direz que vous avez là une bonne raison d'être mélancolique.
Mes sourires de réconfort seront comme autant de pisse dans vos violons