J'ouïs dire qu'aujourd'hui Louis se produisit ici même, et je n'y étais pas.
Pour rien au monde je n'aurai voulu manquer cela.
Quelle étourdie je suis, maudite je sois.
Je suis sûre qu'il a suscité les acclamations des spectateurs, qu'il a su si bien parler de lui, Louis; comme il le fait à chaque fois, avec sa voix qui susurre des mots loufoques qu'on ne comprend pas.
Louis est un savant, c'est pour ça.
Louis a un talent d'orateur inouï.
Il hypnotise la foule: troupeau de mouton à ses genoux.
Le génial Louis, Louis le loup, au sourire charmant, aux crocs luisants.
Accrocs, les spectateurs rient en le voyant, meuglent joyeusement; des millions de vaches qui rient grassement devant le petit Louis frais et pimpant.
Lui le monarque omnipotent, rayonnant devant ses sujets impotents, empotés, embobinés!
Il s'en lèche les babines.
N'empêche, j' aime qu'on me dîne.
Je me jette éperdue dans les rues de Noeil-beau-vin, cherchant vainement le Divin mais ne trouvant que des miettes de festin du carnage humain.
Une pomme rouge dans la bouche, la queue en tire-bouchon, je regarde la rediffusion à la télévision...