Après quelques années, je constatais avec amusement le retour vers moi, comme les feuilles ramenées inexorablement par le vent en automne, de quelques personnes lointaines qui s'en étaient allées et, devenues atones, avaient perdu leur voie, en chantant la joie des amours estivales, pareilles à la cigale qui, perdue, revenait ensuite sur ses pas après les premières peines.
Un souvenir fugitif, une sensation, une illusion me ramenaient ces pauvres êtres qui magnifiaient avec les ornements de leurs fantasmes ce qu'ils prenaient pour un âge d'or perdu au regard de la peine qui les accablait alors. Je leur laissais ce qu'ils avaient de plus précieux, ce rêve fumeux, en m'évanouissant à nouveau devant un désir qui ne m'était pas dû, comme les feuilles poussées inexorablement en automne qui fuient, se recroquevillent et meurent d'une danse telle qu'on leur prêterait une vie autonome.