Je dois renoncer à mes rêves de "réussite", comme on dit de manière pompeuse. Il s'agit pourtant juste d'un désir de liberté et d'indépendance.
Mais il faut renoncer encore, dépassée par la nécessité de l'alliance.
Renoncer à être le seul maître de soi , renoncer à se suffire à soi même pour parvenir à ses fins. Et accepter enfin, ces petites conditions, ces petites concessions, devant lesquelles on s'était juré de ne pas céder.
L'obligation de l'alliance : le mariage sans doute, l'obligation de pondre qui s'en suivra... Et sentir, malgré l'aspiration, malgré les efforts fournis pour la liberté, pour la contemplation libre, le retour à un cycle animal. Forcée d'abandonner cette sphère d'oisiveté où la sensibilité décuplée était le nid de l'imagination, de la création, de la sensualité. S'abandonner sans forces au cycle vital : travailler pour se nourrir, nourrir et se nourrir, astiquer, procréer et recommencer, sans émotions pour rien.