Ces jours d'eau où j'avais la bouche pleine de mer, comme une baleine dont le rire indifférent inspire et expire la vague avec le même bien-être essentiel, ces jours là où je faisais confiance à un corps inerte que j'abandonnais à la dérive. Je me sentais tourner comme dans ces manèges en forme de soucoupe qui prennent un corps de chiffon dans un puissant mouvement centrifuge. Je riais en buvant la tasse à nouveau, ivre de ce tourniquet qui exerçait sur moi une pression à laquelle je ne pouvais échapper, frénétiquement heureuse de ma soumission à une folie qui semblait m'appartenir et me dominer à la fois.
A présent que je suis le seul maître, et que j'examine hygiéniquement et cliniquement ce corps inconscient, j'injecte dans ses veines une eau stérilisée. Le laver enfin de cette insouciance de plusieurs années, des déchets charriés dans cette bouche par une eau impure, du rire gras d'une lourde ignorance. Et c'est cette frénésie froide, cet enthousiasme crispé qui m'envahit, alors que je me sens le pouvoir et la puissance du savant fou, du génie minutieux. Ces dernières nausées sont les ultimes flaques d'une vieille eau dormante et dangereuse qui menace de se soulever et d'engloutir un esprit lucide. Les yeux grands ouverts il faut continuer à se purger et ressentir ce bonheur médical du soin dispensé. Je suis propre et performante.
Aurai-je encore du
Aurai-je encore du
Aurai-je encore du
Ressentirai-je encore