Cette pulsion soudaine du corps vers un objet. Le corps prend la parole, prend les commandes, mais il ne peut pas réfléchir il agit tout de suite. Il veut il prend.
On parle de pulsion, parce-que ça se dit, ça se fait, c'est un mot qui trouve facilement sa place. C'est un mot choque, qu'on emploi souvent parce-que ça fait de l'effet. Mais c'est pas ça. C'est pas si molasse que ce que ça qualifie dans le quotidien.
Je l'utilise je l'ai utilisé, c'est un mot courant. Mais là, maintenant, en ce moment je veux dire, je ne le prononce plus, parce-que je ne le pense plus. Il a prit sa signification dans mon corps. Et je sens cette déchirure de la chaire. Ce n'est pas un frisson que l'esprit guide, amplifie, autorise. C'est une violence animale. Un peu, peut-être, comme quand, excédé de démangeaison, on se gratte sans réfléchir jusqu'au sang. C'est un réel besoin, une parfaite nécessité, que le corps doit accomplir, même si l'esprit ,baillonné, s'y serait formellement opposé, devinant un mal futur grâce à ses connaissances.
Mais le problème, c'est qu'on est pas des animaux. Je veux dire, on se rend compte. On se rend compte qu'il ne faut surtout pas perdre le contrôle, faire n'importe quoi, ne plus suivre le code sur le quel on base tout notre être. Enfin, ne pas s'anéantir. Là, on a tous une réflexion monarchique, tout de suite : donner les pleins pouvoirs à notre tête. Qu'elle soit despote s'il le faut pour maintenir l'unité, l'ordre, qu'elle nous épargne le ridicule, la négation de nous même, de nos principes, de ce qu'on a construit jusqu'ici avec elle.
D'autre part, il y a cette nature de gens, qui restent parfois sans bouger un moment, parce-que tout une affaire minutieuse de classement s' effectue dans leur esprit. Ces gens qui aiment savoir, contrôler, l'inclination de leur tête, le balancement de leurs bras. Cette nature cérébrale qui a oublié qu'elle était animale, animale d'abord, et qui, de toute manière, n'aime pas trop se le rappeler. Cette nature ne m'est pas inconnue. Elle ne m'est pas moins inconnue que la nature violente de l'homme qui a gardé le besoin de posséder, le désir du prédateur, l'élan brutal et inconscient de la vie.
Et il n'y a rien de plus terrible que cette tyrannie : la rigueur cérébrale de la bonne éducation, de l'enseignement des moeurs d'une société, face à une nature impérieuse et vibrante, foyer de cette pulsion violente.
Voilà, je dois le dire, puisqu'il faut parler de soit sans faire semblant, au-delà de ces généralités. Je dois dire que j'ai senti pour la première fois que mon corps demandait et qu'il avait énormément envie, au delà des répugnances de la réflexion, au delà de ce qui est décent et de ce qui me plaît d'habitude. L'esprit n'était plus ce qui pousse le corps dans ses choix, ce qui le nourrit. Et le corps n'était plus celui qui mange avidement. Il ne s'agissait plus que le corps accepte, que le corps se donne, parce-que l'objet est apprécié selon les stricts critères de l'esprit.
La puissance de cette envie, de cette pulsion, mon corps l'a articulé d'une manière telle que l'ordre n'aurait pas été mieux invectivé par mon esprit. Et je l'aurai suivit aussi naturellement que la main saisit un verre d'eau quand l'esprit, en une fraction de seconde, l'ordonne. On ne doute pas qu'il faille le faire. Le lendemain j'avais la migraine tant l'imagination s'était mêlée de ces affaires corporelles. L'objet désiré s'est littéralement brisé. Je ne regrette pas son auto destruction salvatrice car véritablement le corps ne se serait pas soumis.
Vouloir contrôler l'avenir, avoir barre sur les événements et les choses n'est pas qu'une question d'éducation. C'est avant tout une préférence du cerveau qui privilégie décision à information (prédominance du cortex frontal) et cela malgré l'éducation qui la renforce ou la diminue restera là pour vous guider toute le vie.
La pulsion c'est étonnat, décourageant pour celui qui veut ainsi maîtriser sa vie, car c'est quelque chose de violent d'envahissant que nous envoie notre cerveau émotionnel.
Mais le pire qu'il ne faut pas essayer, ce sont les drogues qui vous enlèvent toute volonté, toute raison ! C'est encore pire.