Je reconnaissais, en ce profil pâle dans la nuit, un fragment lunaire.
Je m'égarais dans cette beauté lointaine.
Tandis que des yeux trompeurs et des sens abusés me donnaient l'illusion d'une proximité et d'une étreinte certaine, je me heurtais sans cesse au gouffre galactique qui m'éloignait de mes désirs. Je sentais lourdement peser sur ma poitrine le poids d'un monde dont j'étais l'éternelle prisonnière, la grossière bête de somme, condamnée à regarder le sublime Inconnu avec hébétude et impuissance. Je sentais comme, étrangère à la faible lueur d'une beauté singulière,
je ne la comprenais déjà plus;
et pour retrouver en m'éveillant le bien-être salvateur des sots, je me suis persuadée que cette part d'immensité, n'était qu'un cailloux vulgaire. Je la fis rouler d'un grand coup de pied et je riais, en la voyant s'abîmer dans la poussière, de ce rire gras et sonore des imbéciles dont la seule puissance consiste à salir l'infinie délicatesse de ce qui les dépasse.