Voyageur clandestin, je n'ai toujours pas payé mon billet de train. Je traîne sur le marche-pied d'un train pris en marche. Demain, j'aurai peut-être le luxe de la soute à bagages. Je saute d'un waggon à l'autre, je changerai bientôt de chemin...
Mais pour l'instant je m'abandonne-j'abdique- à cette bête humaine qui roule des mécaniques. Le train siffle,souffle sur mes reins. Souffler n'est pas jouer mais les reines ont tous les droits sur le chemin des dames comme au jeu de lois.
Youpi ! Youplaboum ! Je prospère dans le ventre d'un autre train alors que tu profères dans le lointain des paroles noires de charbon ardent, d'amant chagrin, contre celle qui te viola.
Je te vois qui sombre dans le creux des collines entre deux rails de côtes. Je prends déjà la poudre d'escampette. Merci mon hôte. Tu m'étais doux et confortable mais il me faut éviter tout ces quais, toutes ces querelles. Ces arrêts continuels pourraient me faire choper. Tu comprends, me faire coffrer derrière un verrou ça serait la mouise, même si entre deux valises, cela me grise. Je t'ai préfèré le TGV, adieu mon bien aimé. Je m'achemine à grande vitesse: c'est l'amour avec un grand V. Je ne t'attendrais plus sur ces grands quais gris qui grésillent de tristes annonces.
Voyageur clandestin, j'aurai bien le temps de payer mon billet de train...