Mercredi 13 janvier 2010 à 23:42


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Faudra t-il toujours que ses bras figés, en l'arrondi d'une embrassade esquissée, s'ouvrent également pour serrer contre son sein les plus divers vents?
Les soupirs d'un Zéphyr comme les larmes du Levant ?

Faudra t-il toujours que sa tête penchée semble grimacer ce sourire régulier, cet amour latent, qui reçoit indifféremment  
Les coups et les caresses du temps ?

Faudra t-il toujours que ses yeux prisonniers de lourdes paupières arquées jamais ne se ferment et ne portent sur le monde ambiant
Que ce regard d'ivoire dans lequel ils sont taillés ?

C'est mon plus grand souhait, madone macabre,
Que jamais tu ne réveilles ton grand corps de marbre
Que jamais tu ne reprennes un coeur qui ne point s'alarme,
Plongé dans la torpeur de rêves vagues et engourdis.

Que jamais tu ne ramènes ce don que tu m'as fait à la vie.

Samedi 9 janvier 2010 à 20:18





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 Je reconnaissais, en ce profil pâle dans la nuit, un fragment lunaire.
Je m'égarais dans cette beauté lointaine.  

Tandis que des yeux trompeurs et des sens abusés me donnaient l'illusion d'une proximité et d'une étreinte certaine, je me heurtais sans cesse au gouffre galactique qui m'éloignait de mes désirs. Je sentais lourdement peser sur ma poitrine le poids d'un monde dont j'étais l'éternelle prisonnière, la grossière bête de somme, condamnée à regarder le sublime Inconnu avec hébétude et impuissance. Je sentais comme, étrangère à la faible lueur d'une beauté singulière,

je ne la comprenais déjà plus;

et pour retrouver en m'éveillant le bien-être salvateur des sots, je me suis persuadée que cette part d'immensité, n'était qu'un cailloux vulgaire. Je la fis rouler d'un grand coup de pied et je riais, en la voyant s'abîmer dans la poussière, de ce rire gras et sonore des imbéciles dont la seule puissance consiste à salir l'infinie délicatesse de ce qui les dépasse.

Samedi 19 décembre 2009 à 17:21



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 J'ai pensé à ces hommes qui ne pouvaient plus être des bêtes et agir de cette mécanique affamée et sourde qui les vidait de toutes pensées. Ceux-là même qui, hantés, sondés par un regard intérieur n'étaient jamais libres d'eux même, toujours traînant ce poids lourd qui les faisait trébucher et gênait chacun de leur geste. Ces héros étranges, ces Sisyphes accablés de l'absurdité d'eux-même, qui préfèrent cracher leur rage dégoulinante de mépris sur ce qu'ils aiment, sur ces fleurs magnifiques qui leur arrachent leur fascination pour mieux les blesser de leurs épines et les rappeler à la risible faiblesse de leur chair.

Dans l'immensité calme et sereine de mon intérieur je sentais pourtant avec une force telle l'éboulement continuel de leur être, que je croyais y entendre l'écho de frères, une violente pulsation familière à mon coeur qui s'éveillait.

J'ai couru vers toi, Sisyphe, mais déjà j'arrivais et tu disparaissais sur l'autre versant, derrière le rideau du jour, soufflant par ta bouche la fumée du brouillard que tu venais d'inspirer. Tu roulais ton désespoir sans me voir et pourtant, même dans ma présence dérisoire, j'avais l'impression de peser sur ton fardeau et d'ajouter à ta peine comme ces milliers de grains de sable qui épousent ton rocher et l'alourdissent. Coupable mais pourtant ignorée et sans remède. Le vent me ramena au visage comme une gifle glaciale mon orgueil trempé de solitude.

Jeudi 10 décembre 2009 à 11:43



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Nous avons toujours été les passagers de cette même balancelle, mais toujours je fermais les yeux quand nous revenions en arrière et quand je les ouvrais à nouveau vous aviez changé.

Etrangers unis par cette intimité feinte des corps qui vont à l'unisson, nous aurions pu par une étreinte nous sauver de l'abandon.

Mais c'était un spectacle grisant de voir à travers mes cheveux ce visage toujours différent, légèrement déformé par le mouvement. Et j'avais l'impression, je crois, d'une proximité intense et libre à la fois, qui laissait encore le choix à un esprit fou et indécis. Vous étiez mille et j'étais une. Je partageais avec chacun de vous, êtres volatils, un secret singulier qui me revenait doucement au coeur comme une plume que vous abandonniez lorsque vous vous envoliez. Me croyant emplie de la vaste humanité qui partageait près de moi un instant d'intimité, j'étais en fait toute pleine de moi.

Dimanche 6 décembre 2009 à 0:04


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Cette pluie perfide, fiel et fiante d'une vieille ville sans fierté,
Cette pluie qui file et que je défie pourtant de me rattraper
S'est déjà faufilée dans toutes les fissures de ce corps figé,
Affaibli par les funestes morsures qu'il feint d'ignorer.

Alors que, détrônée de mon palais des glaces par cette terrifiante fonte,
J'allais livrer ce corps dégueulasse aux assauts de la honte,
Je vois soudain mon corps trop nu vêtu d'étranges perles brillantes
Qui se répondent en répandant dans mes pores une lumière profonde.
Je sens la caresse de cils sombres, d'un regard d'ambre
Et habillée de cette
illumination singulière et vivante
Je baisse les paupières devant le Midas rimbaldien qui mit fin 
A
une saison en Enfer.

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