Mercredi 4 novembre 2009 à 14:29

 


Peut-on exister plus près de toi que toutes ces photos de femmes en noir et blanc qui évoquent un lointain idéal ? Non je ne le crois pas. Je crois que comme elles il faut être un souvenir silencieux et lointain, peut-être détesté, qu'importe. En tout cas s'éloigner, ne pas s'établir à la portée de ce tourbillon égocentrique qui ne voit définitivement qu'en noir et blanc : la blancheur innocente de soi, la clarté de sa propre pensée, et l'obscurité de l'autre qui ne comprend pas, l'autre sans visage qui pourrait être mille et une incarnation, l'autre qui n'existe pas, le parfait bourreau. L'autre, auteur de solitude.

Mercredi 4 novembre 2009 à 13:58




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 Des jours durant j'ai tenu le siège excitant de ces tours imprenables.
Comme le lierre enlaçant, enserrant les murailles, jouissant secrètement du lent achèvement des batailles. 
Pourtant je n'ai pour fruit de tant d'attente que des ruines de citées vides et béantes à la force évanouie.
Chevalier affamé, hagard, je dois continuer au hasard ces conquêtes inutiles, traînant dans ma quête les vils serviteurs vaincus.
Je cherche en vain quelque rare trésor ou encore un doux asile léthéen où dormir.
Mais déjà le Styx m'emporte et Charon ouvre la porte à d'assassins souvenirs. 

Mercredi 28 octobre 2009 à 23:35

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De ses mains métalliques il accouche ses cheveux d'un rire électrique.
Ses mains sont des aiguilles élastiques qui caressent et qui piquent et tandis qu'il s'applique en fermant les yeux, elle fabrique comme berceau une barque bleue.
Ce petit bateau symbolique, objet prophétique, fend les flots morts de ce monde apocalyptique.
Ils s'endorment à la dernière réplique de l'opéra symphonique qui passe sans répit sur le tourne disque. 
Le fragile vaisseau frappe les eaux, fuit vers l'Afrique.
Une goutte d'ambroisie, tombée de leurs lèvres embrasées, baptise d'un sang cynique la proue du mythique bateau de papier.

Mardi 27 octobre 2009 à 16:30



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Dans ces lignes d'écriture maladroites, la courbe de mon poignet.
Dans le regard droit de mon père, le léger affaissement de mes propres paupières
Dans de vieilles lettres jaunies mon prénom a survécu à ceux qui l'ont écrit.
Dans le sourire de ma mère, la caresse d'une promesse de bonheur.
Dans l'immensité bleue de ces yeux qui s'ouvrent sur le monde, l'asile paisible de mon coeur.
Dans la douceur du pelage de ce sphinx sage
les fils d'argent du temps qui passe parsèment la blonde chaleur du présent.

Saisie par ces fragments de miroir  qui révèlent à mon âme nue ceux qui l'ont habillé, j'avançais à reculons vers le passé.

Lundi 26 octobre 2009 à 10:47

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 Derrière ses rondeurs sages, sa beauté digne, d'un autre temps, sa peau lisse et son regard hautain,
j'avais oublié qu'elle était femme qui vivait autrement qu'un buste majestueux.
Jusqu'à ce qu'une plaisanterie qui l'associait à cet homme se saisisse de sa chair et qu'un rire aigu, qui sortait de sa poitrine charnue, agite son large corps d'impressionnants remous.
Ce rire qui n'en voulait pas finir dévoilait en un sourire carnassier ses grandes dents de louve. Et elle le regardait avec ses yeux énormes de prédateur, celui-là qui ne comprenait pas, elle le regardait comme s'il était la proie qui d'elle même avait abandonné sa patte dans le piège de ses belles mâchoires qui se resserrent.
Je voyais le marbre fier se fissurer, s'ouvrir, sur cette chair palpitante et flasque  et transformer l'idole en une viande haletante. 

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